Pierre Moscovici, la fin du fédéralisme à l'ancienne
Lu sur le blog de Pierre Moscovici
Je ne suis pas non plus un fédéraliste à l’ancienne, un partisan béat de la supranationalité.
L’Europe ne s’est pas construite sur un modèle fédéral, mais à partir
de coopérations essentiellement économiques, qui ont petit à petit
engendré des transferts de souveraineté significatifs. Elle n’a ni le
budget d’une fédération – il faudrait pour cela que celui-ci représente 3
% du PIB de l’Union, alors qu’il est bloqué à 1 % – ni ses
institutions. La « méthode communautaire » est un hybride, génial mais
compliqué, qui fait la synthèse entre l’affirmation nationale et le
dépassement des Nations. Nous ne partageons pas la même langue –
contrairement aux Etats-Unis – et nous agrégeons des cultures
différentes. Nos pays ont derrière eux de grandes histoires, souvent
impériales ou coloniales, et ne souhaitent pas abandonner leurs
identités. De plus, il est évident que l’aspiration fédérale devient
plus complexe au fur et à mesure que le nombre d’Etats à unir s’accroît,
et que les différences entre eux sont plus fortes. Bref, il est
difficilement concevable d’aller, dans un premier temps au moins,
au-delà de la « Fédération d’Etats-Nations » qu’envisageait Jacques
Delors. Et pourtant, à l’heure où la mondialisation appelle un surcroît
de régulation, où les problèmes ne peuvent se résoudre à l’échelle
nationale mais appellent des réponses globales, au moins continentales,
ce n’est pas un recul ou un abandon que l’Europe attend, mais un nouveau
bond en avant de nature politique, de nouveaux transferts de
souveraineté, de nouveaux projets communs. Elle a au premier chef, selon
moi, besoin d’une solidarité économique et monétaire renforcée, d’une
défense et d’une politique étrangère communes, d’une approche intégrée
des questions de sécurité, de liberté et de justice, d’une démarche
partagée en matière d’immigration.
Voilà une réflexion bien réaliste d'un dirigeant socialiste. C'est bien rare.
Toutefois, je ne comprends pas bien ce qu'est la fédération d'Etats-nation, si ce n'est pas une fédération ?
La fédération appelle le dépassement de l'Etat nation issu de l'héritage du XIXème siècle.
D'autre part, le fédéralisme, fut il à l'ancienne, inclut une vision sociale et économique, dont on ne voit pas le projet dans la simple fédération évoquée là.
Mais, il semble courageux, aujourd'hui, de dire qu'il faut plus d'Europe. Et ce discours n'est pas assez fréquent dans l'hexagone et généralement en Europe.